Coup de coeur pour le Tableau : à l’antithèse des superproductions, c'est le nouveau long-métrage de l'animation made in France. Le réalisateur Jean-François Laguionie, en digne héritier de paul Grimault à qui l'on doit Le roi et l'oiseau, nous offre un chef d'oeuvre poétique.
Le pitch? Dans les années 30, un peintre a laissé inachevé son tableau à la manière d'un Matisse. Tout un monde y vit : les Toupins entièrement peints, les Pafinis en attente de finitions et les Reufs, de simples esquisses. S'estimant supérieurs, les premiers ont pris le pouvoir. Jean-François Laguionie explique"Le travail sur les personnages est considérable. Ils sont issus du pinceau du peintre, mais celui-ci les a abandonnés. Ils ont donc développé leur propre caractère et pour certains, la quête du créateur n'a pas le même sens que pour d'autres. C'est l'aspect le plus intéressant selon moi de cette histoire. Elle nous renvoie à nos propres interrogations sur l'existence et sur la liberté". Un jeune Toupin, amoureux d'une Pafinie, va prendre le parti des opprimés. Persuadé que seul le peintre peut ramener la paix en terminant son œuvre, il partira à sa recherche.
Au travers de séquences d'animation en deux dimensions et de prises de vue réelles, "le scénario confronte des personnages peints, sortis de leur tableau, à un univers réel" précise le réalisateur. On s'identifie sans peine aux personnages, à leurs angoisses et leurs émotions. Cette aventure est une métaphore à peine voilée des injustices de notre société. Les Pafinis ressemblent au commun des mortels face aux suffisants Toupins. Le Tableau réussit le pari d'être à la fois un formidable manifeste contre les préjugés et une belle introduction aux courants picturaux du début du XXe siècle. Il ravira sans aucun doute petits et grands. Vite, une salle obscure!
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